Dom Luis Fernando Castillo Mendez


DOM LUIS FERNANDO CASTILLO MENDEZ

(1922-2009)


Dom Luis Fernando Castillo Mendez est né à Caracas, au Venezuela, le 4 décembre 1922. Son nom (son patronyme) était Castillo, Mendez étant le nom de sa mère. Mais dans les pays hispanophones, comme le Vénézuela, les gens portent le plus souvent deux noms de famille. L'un est hérité du père, l'autre de la mère. Le nom du père est écrit avant celui de la mère et, lorsqu’on s'adresse à la personne, on utilise habituellement le nom du père (par exemple, « Señor Castillo »). En tant qu’immigrant au Brésil, où la coutume est de placer le nom du père en position finale, on confondait souvent son patronyme.

 

Il fit ses études au Séminaire diocésain Saint Thomas d'Aquin de San Cristobal, dans l'Archidiocèse de Caracas, de 1933 à 1937. Il y obtint un baccalauréat ès arts. Puis, il poursuivit ses études en philosophie au Grand Séminaire de Sao Jose, à Caracas, de 1938 à 1941. Enfin, il étudia pour obtenir une licence de théologie à l’Université Grégorienne, à Rome, de 1942 à 1946.

 

Envoyé par le Vatican à Solsona, en Catalogne (Espagne), il fut ordonné prêtre, le 10 août 1944, par Mgr Valentin Comillas Santa Maria. À son retour au Venezuela, d'importants bouleversements secouaient toutefois le pays et le jeune prêtre s'engagea très vite dans un mouvement appelé « Curas Criollos » (les « Prêtres autochtones » ou, plus littéralement, les « prêtres créoles »).

 

Ayant été informé de l’existence d’un mouvement de réforme au sein de l'Église du Brésil, mouvement mené par Dom Carlos Duarte Costa, ainsi que de la création par ce dernier de l'Église Catholique Apostolique du Brésil, séparée de l’Église catholique romaine, il entra en correspondance avec lui.

 

Le 8 mars 1947, Dom Luis Fernando Castillo Mendez, ainsi que trois autres membres du clergé, quitta l'Église catholique romaine et l'Archidiocèse de Caracas, pour fonder « l’Église Catholique Apostolique du Vénézuéla ». À l’instar de l'Église Catholique Apostolique Brésilienne, dirigée par son patriarche, Dom Carlos Duarte Costa, cette Église était indépendante du Vatican, utilisait dans la liturgie la langue vernaculaire (l’espagnol), et permettait à son clergé de se marier.

 

Le jour même, ils furent tous les quatre officiellement excommuniés de l'Église catholique romaine. L'Archevêque de Caracas, Mgr Lucas Guillermo Castillo, déclara à cette occasion qu’ils avaient « violé un dogme fondamental de l'Église catholique romaine et qu’ils tenaient des propos blasphématoires, dont plusieurs portaient atteinte à la personne et à l'autorité du pape Pie XII. ». La déclaration affirmait en outre que tous les catholiques qui soutiendraient cette nouvelle Église seraient à leur tour excommuniés.

 

Quoiqu’il en soit, le Père Luis Fernando Castillo Mendez, curé de la paroisse Sainte Thérèse, à Caracas, déposa les papiers de création de la nouvelle Église au Ministère de l'Intérieur, avec les affidavits signés par deux cent cinquante confrères qui l’avaient élu à l'unanimité comme chef de cette Église. Le Ministre de l'Intérieur a immédiatement ordonné à la police fédérale de s'assurer que le Père Luis Fernando Castillo Mendez ne portait pas les vêtements ou les insignes liés à la charge d'évêque. Parallèlement à cette hostilité gouvernementale, la nouvelle Église reçut l'approbation publique de l'Action Démocratique.

 

Immédiatement après avoir été élu par ses confrères, en 1947, Dom Luis Fernando Castillo Mendez chercha à se rendre au Brésil pour recevoir la consécration épiscopale de Dom Carlos Duarte Costa. Toutefois, le gouvernement vénézuélien n'a pas consenti à ce voyage, et n’a pas permis à l’évêque dissident du Brésil d’entrer au Vénézuéla. Ils prirent donc des dispositions pour se rencontrer dans la région du Canal de Panama, un territoire sous la juridiction des États-Unis d'Amérique qui n'avait pas de relations diplomatiques officielles avec le Vatican.

 

C’est le 3 mai 1948, à Balboa (Canal de Panama), que Dom Carlos Duarte Costa consacra le Père Luis Fernando Castillo Mendez comme évêque catholique, avec le titre d'Évêque de Caracas et Primat du Vénézuéla. Il fut assisté par Dom Salomao Ferraz, Évêque diocésain de São Paulo et Dom Jose Vargas Antidio, Évêque diocésain de Lages (Brésil), tous deux consacrés précédemment par Dom Carlos Duarte Costa.

 


Dom Luis Fernando Castillo Mendez

consacré par Dom Carlos Duarte Costa


Dès lors, Dom Luis Fernando Castillo Mendez s’engagea fermement à oeuvrer pour l'Église Catholique Apostolique du Vénézuéla. Il fonda un important diocèse à Caracas, comme en témoigne cette édition du périodique Luta ! de l’époque.



Première messe célébrée par

Dom Luis Fernando Castillo Mendez


Tout cela entraîna cependant pour lui, au Vénézuéla, de vives persécutions de la part de l'Église catholique romaine. Par ordre de sa hiérarchie, qui avait une grande influence à la fin des années 1940, le jeune évêque dissident fut persécuté, et même torturé, afin qu’il nie être un évêque catholique. Des papiers avaient d’ailleurs été rédigés en ce sens, mais Dom Luis Fernando Castillo Mendez refusa de les signer, comme de nier qu'il était un évêque catholique. Il fut alors torturé au fer rouge, ce qui lui laissa de profondes cicatrices sur les bras, des cicatrices qui étaient encore visibles au jour de sa mort.

 

 

Dom Luis Fernando Castillo Mendez

devant la coupe de sa destinée


Pour échapper à des persécutions devenues insupportables, il émigra vers le Brésil, le 21 juin 1950, mais il n’obtint la nationalité brésilienne qu’en 1961. Dès son arrivée, il fut toutefois reçu très chaleureusement par Dom Carlos Duarte Costa qui le nomma Évêque diocésain de Uberlandia, dans l'état de Minas Gerais. En 1957, le Patriarche le muta à Rio de Janeiro, où il servit comme évêque auxiliaire. Puis, il fut réaffecté à Brasilia, en 1960, où il devint Évêque diocésain de l'état de Goias. L'érection canonique du diocèse de Brasilia de l’Église Catholique Apostolique du Brésil précéda de cinq ans celui de l'archidiocèse catholique romain. Il resta à la tête de l'Archidiocèse de Brasilia jusqu'à sa mort. Il y fit construire de nombreuses églises, y fondant d’aussi nombreuses paroisses.

 


Dom Luis Fernando Castillo Mendez

offrant le saint sacrifice pour le salut du monde


Comme Dom Luis Fernando Castillo Mendes a été consacré par Dom Carlos Duarte Costa, un évêque catholique romain, et que ce dernier a utilisé le Pontifical romain traditionnel, avec l’intention de faire ce que l’Église fait et a toujours fait en consacrant ses évêques, la validité de son épiscopat est évidemment indéniable. L’Église catholique romaine a d’ailleurs reconnu, au moins à deux reprises, la validité des consécrations de Dom Carlos Duarte Costa, même en dehors de sa juridiction, à partir de 1945. En effet, le pape Jean XXIII a confirmé que deux d’entre elles étaient valides, celles de Dom Salameo Ferraz et celle de Dom Orlanda Moya Arce. Or, Dom Luis Fernando Castillo Mendez a été consacré trois ans après Dom Salameo Ferraz, et huit ans avant Dom Orlanda Moya Arce. Il ne fait donc aucun doute que sa consécration est valide, bien qu’illicite aux yeux de l’Église catholique romaine.

 

Comme son prédécesseur, il utilisa toujours le Pontifical romain antérieur au concile Vatican II, dans la langue vernaculaire, pour toutes les consécrations épiscopales qu’il fit, ayant toujours eu l’intention de faire ce que l’Église fait et a toujours fait en consacrant ses évêques. Comme Dom Carlos Duarte Costa, il continua inlassablement à défendre les éléments de la réforme du catholicisme entreprise par le premier Patriarche du Brésil, niant notamment l'infaillibilité du pape, au même titre que le font les Églises orthodoxes, et n’imposant pas l’obligation du célibat à ses prêtres, bien qu’il demeurât lui-même célibataire.

À la mort de Dom Carlos Duarte Costa, en 1961, le leadership de l'Église Catholique Apostolique du Brésil fut quelques temps dans la tourmente, plusieurs personnes ayant prétendu la diriger, souvent pour de courtes périodes de temps. Certaines sources affirment que Dom Luis Fernando Castillo Mendez en devint chef dès 1961, mais c’est en 1982 qu’il en obtint vraiment le titre de leader incontesté, ayant été élu président de son Conseil Épiscopal.

 

Plus encore, il fut nommé Patriarche du Brésil (ICAB), en 1988, et Patriarche des Églises Catholiques Apostoliques Nationales, réunies dans la Communion Internationale des Églises Nationales (ICAN), en 1990. C’est cette même année qu’il vint au Canada pour consacrer Dom Charles-Rafaël Payeur. Il le nomma Évêque de Québec, et lui accorda le statut à vie de Primat de l’Église Catholique Apostolique Nationale du Canada, après qu’il eût été régulièrement élu à cette charge par le Conseil Épiscopal de l’Église mère, l’Église Catholique Apostolique du Brésil.

 


Dom Luis Fernando Castillo Mendez

dans la chapelle de la Fraternité Sacerdotale Saint Jean l’Évangéliste,

à Stoke (Canada), lors de la lecture du décret de nomination de

Dom Charles-Rafaël Payeur


Toute sa vie, Dom Luis Fernando Castillo Mendez parcourut le monde pour porter la Bonne Nouvelle et témoigner de sa foi en Jésus-Christ. Il était le plus souvent, au cours des dernières années, accompagné par Dom Josivaldo Perreira de Oliveira.

 


Dom Luis Fernando Castillo Mendez

accompagné par Dom Josivaldo Perreira de Oliveira


L’une des dernières grandes interventions internationales du Patriarche eut lieu, du 12 au 18 août 2008, à San Lucas Sacatepequez, au Guatemala, lors d’un Concile réunissant des évêques du monde entier.

 


Dom Luis Fernando Castillo Mendez

soutenu par Dom Josivaldo Perreira de Oliveira, président de l’ICAB

et Dom Eduardo Aguirre Oestmann, Primat du Guatemala,

lors du Concile de 2008


Gravement malade depuis plusieurs années, c’est dans la matinée du 29 octobre 2009, vers neuf heures, que Dom Luis Fernando Castillo Mendez, Patriarche du Brésil et de la grande famille des Églises Catholiques Apostoliques Nationales décéda, à l'âge de 86 ans. Les funérailles eurent lieu dans sa cathédrale de Brasilia et furent célébrées par le président de l’Église Catholique Apostolique du Brésil, Dom Josivaldo Perreira des Oliveira, entouré par de nombreux évêques du Conseil Épiscopal.

 


Funérailles de Dom Luis Fernando Castillo Mendez

à la Cathédrale de Brasilia


Au moment de sa mort, l’Église Catholique Apostolique du Brésil comptait quarante-huit diocèses et des Églises Catholiques Apostoliques Nationales, présentes dans quatorze pays. Dom Luis Fernando Castillo Mendez a été plus conservateur que ses prédécesseurs, sur le plan théologique. Dans les années 1980, il entra en dialogue avec le pape Jean-Paul II, à la demande de ce dernier, pour discuter d’une éventuelle réunification, mais l'Église Catholique Apostolique du Brésil refusa, se rappelant les divers actes de malveillance et des tortures qui avaient été commis à son égard par l'Église catholique romaine.